Après une période où les distributeurs étaient avec de très faibles marges, voire déficitaires, il apparaît des marges brutes exceptionnellement élevées depuis le début de l’année 2023. S’il s’agissait probablement d’une opération de reconstitution de marges après avoir effectué des gestes pour le pouvoir d’achat cet été, ces marges explosives ne sont désormais plus justifiées. Pour les calculs de notre étude, nous nous sommes appuyés sur la base de données de l’Union française de l’industrie pétrolière (UFIP), qui fait référence.
Du point de vue de la méthode, la marge brute dite « transport distribution » sur le carburant se calcule en faisant la différence entre le prix hors taxes du carburant et le prix à la sortie de la raffinerie (appelé « cotation Rotterdam »). Il s’agit donc de la fraction du prix total qui revient au distributeur, soit sa marge brute, et non sa marge nette (ou bénéfice). Bien entendu, les coûts concrets des distributeurs étant assez stables, un fort niveau de marge brute présume facilement d’une marge nette confortable ou franchement élevée.
Envolée des marges des distributeurs depuis le début de l’année
La marge brute « transport distribution» se situe en général aux alentours de 15 centimes le litre (moyennes annuelles de 2018 à 2022). L’année 2022 a été extrême ment chahutée. Après un début d’année avec une marge plutôt élevée, cette dernière a chuté à des niveaux très faibles car les distributeurs ont choisi de ne pas répercuter l’intégralité de la très forte hausse des cours du brut suite à la crise ukrainienne.
Cette marge brute a même été négative sur certains mois ce qui traduit l’engagement des distributeurs à la rentrée (septembre et octobre) de limiter la flambée des prix. Elle a connu ensuite un bref retour à la normale en décembre.
Depuis le début de l’année 2023, cette marge se situe à un record historique dépassant les 25 centimes au litre.
Elle est exceptionnellement élevée pour le gazole et le sans-plomb 95. Elle atteint 29 centimes par litre de gazole en avril, contre 10,6 centimes en décembre. Un quasi-triplement! Quant au super-sans plomb, elle est passée en quatre mois de 13,4 centimes à 27 centimes par litre. Il apparaît clairement que les distributeurs prennent depuis 4 mois des marges très élevées pour rattraper leurs pertes du second semestre 2022. Ce rattrapage pouvait s’entendre à condition d’être assumé de façon transparente. Dans une récente déclaration presse le président du syndicat professionnel UFIP met en avant l’incorporation des biocarburants pour en partie expliquer ces marges élevées. Par ailleurs, il n’exclut pas un phénomène de « reconstitution de marge » de la distribution.
La CLCV prête à saisir les autorités
La grande distribution et les groupes pétroliers ne cessent de dire qu’ils s’engagent pour le pouvoir d’achat, il est temps que cela se traduise en acte. La CLCV n’hésitera pas à saisir les autorités compétentes si les marges brutes ne reviennent pas à la normale d’ici le début de l’été.