Réparation des appareils électriques : une hausse des prix redoutée

réparation appareils electriquesLa CLCV, chargée par les éco-organismes de constituer un observatoire du fonds réparation des équipements électriques et électroniques, publie un premier bilan du dispositif. Le maillage des magasins labellisés reste très inégal sur le territoire et nous craignons une probable hausse significative du prix moyen des réparations.

Si nous adoptons de plus en plus la réparation de nos équipements électriques et électroniques (élec­troménager, smartphone …), cette solution est encore loin d’être ancrée dans nos pratiques. Les principaux freins : son coût et le manque de confiance vis-à-vis des réparateurs.

Afin de favoriser la réparation, il a été créé une labellisation des réparateurs (label QualiRépar) et un fonds dédié au financement de la réparation des équipements électriques et électroniques  hors garantie a été mis en place.

Ce fonds a pour objectif, pour un produit en panne hors garantie, de diminuer son coût de réparation à la charge du consommateur afin de l’inciter à réparer l’appareil, plutôt que de le jeter à la déchetterie et d’en acheter un neuf.

Concrètement, depuis le 15 décembre,  lorsque vous poussez la porte d’un réparateur labéllisé, vous avez droit à une réduction sur le coût total de la réparation. C’est ce qu’on appelle le bonus réparation. Le professionnel se tourne ensuite vers le fonds pour se faire rembourser le bonus par les éco-organismes.

La CLCV a la charge de l’observatoire de ce fonds. Les éco-organismes eco­ système et Ecologie nous transmettent des données sur les réparations qui ont bénéficié du soutien pour nous permettre d’étudier le comportement des consommateurs vis-à-vis de la réparation tout en cernant les facteurs qui la favorisent.

La CLCV est la vigie du marché notamment sur les pratiques tarifaires. Trois mois après sa mise en place 15 décembre 2022 au 15 mars 2023, nous avons dressé un premier bilan sur le fonctionnement du fonds réparation. Au regard de la nouveauté du dispositif, il est encore trop tôt pour dresser une conclusion générale, et il faut rester prudent quant à l’interprétation des données.

Maillage des réparateurs labellisés insuffisant

Lancé courant avril 2022, le label « QualiRépar » (voir encadré) re­cense à la mi-mars 2023 plus de 1200 magasins labélillsés à travers la France et l’outre-mer. Le maillage des réparateurs labellisés est très inégal. Le nord de la France compte plusieurs départements avec 50 magasins labéllisés, quand d’autres n’en ont pas, comme la Creuse et la Lozère. 38 départements ont moins de 10 magasins labéllisés.
Il est évident que les consommateurs ne feront pas 500 kilomètres afin de trouver un réparateur labéllisé. Il est donc nécessaire que l’annuaire des réparateurs se densifie.
A cela s’ajoute 2 250 techniciens iténérants qui opérent sur l’ensemble du territoire. La nouveauté du dispositif explique ces disparités qui doivent diminuer au cours des prochains mois pour le bon fonctionnement du fonds réparation.
Le nombre de réparateurs labéllisés est un élément clé du succès du fonds réparation.

Une probable hausse de prix significative

Le bonus réparation dépend du type d’appareil réparé. Il a été en moyenne de 24 € et a permis de réduire le prix de la facture de 22 %. Il était difficile d’effectuer un comparatif de prix avant et après l’arrivée du bonus car les sources à disposition (références Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)) ne sont pas de même nature que le relevé de prix de l’observatoire. Les présents constats doivent donc être pris avec prudente et l’évolution des prix de la réparation sera affinée dans les prochains observatoires. Sur les deux catégories de produits les plus réparés (où le constat de prix est le plus significatif), il apparaît un prix moyen de réparation de 164 € pour un lave-vaisselle contre 125 € selon l’Ademe et 146 € pour un sèche-linge contre 119 € selon l’Agence de l’environnement.

Même en intégrant une marge d’erreur, il est probable que le prix de ces réparations ait connu une inflation significative.

Les appareils les plus réparés.

En trois mois, le fonds réparation a permis d’aider à la réparation de plus 14 000 équipements électriques et électroniques. Plus de 60 % de ces réparations portaient sur les lave-vaisselle, les lave-linge et les téléphones portables. Le bonus réparation concerne un large panel de produits et donc de marques. Au total ce sont plus de 173 marques différents qui ont été réparées grâce au fonds réparation. Les marques Apple, Samsung, Bosch et Whirpool sont celles qui ont été les plus réparées.

Pour les téléphones portables, Apple est la marque qui est la plus largement réparée avec plus de 1 780 réparations depuis le lancement du fonds. La majorité de ces réparations (62%) concernent le changement de la batterie d’un Iphone, viennent ensuite les réparations concernant un défaut d’affichage écran (13%)

Débat sur la réparation des téléphones portables

Le changement des écrans cassés des téléphones portables n’est pas couvert par le fonds réparation. Le consommateur ne bénéficie donc pas du bonus réparation. Cette panne est considérée comme un problème résultant d’un usage non conforme aux prescriptions du constructeur. Elle rentre donc dans les critères d’inéligibilité du fonds. Il existe, sur ce point un débat intense avec les professionnels et les pouvoirs publics. Les distributeurs, les marques et les éco-organismes souhaitent éviter tout abus en ne prenant pas en compte cette panne. De l’autre côté, la demande de réparation pour les écrans de téléphone est importante. Un écran cassé va avoir tendance à fragiliser l’appareil et augmente le risque d’autres pannes.

Cette attente des consommateurs devrait pousser les éco-organismes à la reconsidération de cette inéligibilité. Dans la mesure où c’est une cause importante de réparation, il nous semble important que cette concertation avance rapidement pour qu’elle devienne éligible au bonus.

 

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