Bonus réparation, Des progrès, mais des efforts restent à faire
Le bonus réparation pour les appareils électriques et électroniques a été conçu pour encourager les consommateurs à préférer leur réparation à leur remplacement. Bien que des progrès aient été réalisés, cette initiative reste encore en deçà des attentes. Quelles sont les avancées effectuées et les améliorations nécessaires pour rendre cette aide véritablement efficace ?
Depuis décembre 2022, l’État propose un bonus réparation, une aide financière pour inciter les consommateurs à faire réparer leurs appareils du quotidien (micro-ondes, lave-linge, sèche-cheveux, tondeuses à gazon, ordinateur portable, etc.) à moindre coût. Cette réduction directement déduite de la facture contribue à une consommation plus durable et économique. La CLCV a été mandatée par les éco-organismes Ecosystem et Ecologie pour créer un observatoire du fonds de réparation des équipements électriques et électroniques.
Celui-ci a pour vocation d’étudier le bon fonctionnement de ce dispositif : les pratiques tarifaires, le comportement des consommateurs vis-à-vis de la réparation ou encore les facteurs qui la favorisent. Pour ce premier semestre 2024, nous avons analysé l’impact des changements opérés depuis le 1er janvier par les pouvoirs publics sur la labellisation des réparateurs et le volume de réparations effectuées.
Des progrès pour les consommateurs…
Depuis le 1er janvier 2024, l’État a mis en place des mesures pour rendre le dispositif plus avantageux et accessible aux consommateurs et aux professionnels.
Ainsi, le montant du bonus de 5 appareils a doublé et a augmenté de 5 € pour 21 appareils diminuant encore la facture du consommateur*.
Le seuil de déclenchement de l’application du bonus est passé de 180 € à 150 € pour les ordinateurs portables et les casses écran des téléphones portables sont désormais éligibles au bonus. En près d’un an, ces mesures ont permis d’augmenter de 141 % le nombre d’appareils réparés par mois.
Il est passé de 21180 sur la période de juillet-décembre 2023 à 51007 de janvier à juin 2024. Le bonus réparation a permis de baisser la facture de près de 495500 interventions.
Le téléphone portable, le lave-linge et le lave-vaisselle sont les appareils qui ont été le plus réparés avec l’application du bonus. Un boom de 158 % pour les téléphones portables !
La prise en charge des casses écran a probablement contribué de manière significative à cette hausse.
Et les réparateurs ?
Pour les professionnels, le processus de labellisation leur permettant de proposer le bonus a été simplifié.
Elle est désormais possible pour les services de réparation à distance (accompagnement à la réparation du consommateur en visioconférence).
Enfin, les réparateurs sont accompagnés pendant la procédure de labellisation, dont le coût passe de 447 € à 200 €. Avec ces mesures, le nombre d’entreprises labellisées est passé de 812 en décembre 2023 à 1030 (soit un réseau de 5745 points de réparation) fin juin 2024, environ 27 % de plus en 6 mois. En tout, 6513 entreprises sont dans le processus de labellisation.
★Liste des appareils sur www.clcv.org
De nouvelles mesures nécessaires
S’il y a une amélioration de la réparation et une augmentation du montant du bonus pour certains appareils, des efforts supplémentaires sont indispensables pour faire de la réparation un réflexe. En moyenne la réparation d’un aspirateur coûte 122 €. Avec l’augmentation du bonus, le coût pour le consommateur descend à 80 €, respectant ainsi le seuil des 20 % (objectif initial du fonds réparation).
Les mesures mises en place constituent des leviers importants mais insuffisants.
Ce n’est pas le cas pour d’autres équipements, qui se situent en dessous du seuil de 20 %, comme les fours encastrables, les hottes, les centrifugeuses, les presse-agrumes et les amplificateurs. Pour ces équipements, le montant du bonus devrait être revu à la hausse de 5 à 25 € pour rendre la réparation économiquement avantageuse. Pour maximiser l’impact du bonus réparation et en faire une véritable incitation à la réparation, il est crucial d’assouplir les conditions d’accès. Plus le bonus sera accessible, plus il sera connu et utilisé, favorisant ainsi une culture de la réparation. Pour preuve, l’éligibilité au bonus réparation des casses écran des téléphones portables qui a quasi doublé le nombre de réparation de ces appareils. Il est nécessaire d’élargir les critères d’éligibilité du bonus pour inclure les casses accidentelles et d’autres types de pannes, telles que les opérations de maintenance et les mises à jour logicielles.
L’augmentation du bonus pour certains appareils a permis de mettre en lumière des équipements qui étaient peu réparés jusque-là. Cependant, les nouveaux bonus n’ont pas suffi à réduire le coût de réparation des appareils tels que les grille-pain, bouilloires ou presse-agrumes, qui ne sont pas considérés comme suffisamment intéressants à réparer en raison de leur faible coût neuf.
Comme nous l’avons observé, bien que les mesures mises en place soient des leviers importants, elles demeurent insuffisantes. Il est donc essentiel de prendre des mesures supplémentaires.
En outre, étant donné que le nombre de réparateurs labéllisés est déterminant, il est crucial de rendre la réparation plus accessible.
L’autre problème majeur, soulevé dans notre second bilan, est le manque de visibilité du bonus. La communication n’a pas été suffisante pour toucher une large audience. Pour maximiser l’impact du bonus, il est donc essentiel d’améliorer la communication et de sensibiliser davantage le public à cette opportunité
Europe : promotion de la réparation
Le Conseil européen a adopté le 30 mai 2024 une directive visant à promouvoir la réparation de biens hors d’usage ou défectueux. Elle crée un ensemble d’outils et d’incitations visant à rendre la réparation plus attrayante pour les consommateurs afin de lutter contre la surconsommation et l’obsolescence programmée avec toutes leurs conséquences : déchets, exploitation des ressources naturelles et émissions de gaz à effet de serre.
► Les consommateurs disposeront d’un droit à la réparation, même après l’expiration de la période de garantie légale. Ils pourront emprunter un appareil pendant la réparation et si celui-ci n’est pas réparable, opter pour un appareil reconditionné.
Durant la période de la garantie légale (24 mois), les fabricants devront informer les consommateurs sur leur possibilité de choisir entre la réparation et le remplacement. Les consommateurs qui choisissent la réparation verront leur période de garantie prolongée de 12 mois.
► Les fabricants devront mettre à disposition des pièces détachées à un prix raisonnable. Ils ne pourront ni refuser de réparer un produit uniquement pour des raisons économiques ou parce qu’il aurait été précédemment réparé par quelqu’un d’autre.
► Les réparateurs indépendants bénéficieront d’un accès facilité aux pièces détachées et aux informations techniques nécessaires à la réparation des produits.
► Un formulaire européen d’information pourra être proposé aux consommateurs avec des informations claires telles que les conditions de réparation, le délai nécessaire pour réaliser le travail ou encore les prix.
► Chaque État membre devra mettre en oeuvre au moins une mesure visant à promouvoir la réparation, comme des bons de réparation, des campagnes d’information ou des cours de réparation.
Bonus réparation comment en bénéficier ?
Découvrez comment profiter de cette aide pour réparer vos appareils électriques et électroniques
Avoir un appareil concerné
Dix familles d’équipements bénéficient d’un bonus réparation. Ils vont des appareils de cuisine aux gros électroménagers en passant par des appareils informatiques, de bricolage, sport ou encore les téléphones portables. Au total, ce sont 73 appareils qui y sont éligibles. Retrouvez le détail des appareils sur https://www.ecosystem.eco/ comprendre/bonus-réparation
Les interventions exclues
Certains produits et certaines interventions ne peuvent pas bénéficier du bonus. Il s’agit des appareils sous garantie, couverts par une assurance, non détenus par les ménages ou ne disposant pas d’une plaque signalétique ou d’un numéro d’identification/ IMEI. Quant aux interventions non éligibles, il s’agit des dommages relevant des garanties légales des vices cachés, d’ordre non fonctionnel (sauf pour les écrans cassés de téléphones portables), les problèmes résultant d’un usage non conforme aux prescriptions du constructeur et des opérations de maintenance dont logicielles. Ne bénéficient pas également du bonus les remplacements des consommables (batterie, cartouche, ampoule, etc.) et accessoires (robot culinaire, etc.), à l’exception des batteries inamovibles des téléphones portables.
Choisir un réparateur labellisé
Pour bénéficier du bonus réparation, il est nécessaire de se rendre chez un réparateur labellisé QualiRépar, reconnu pour ses compétences professionnelles. Tous les types de réparateurs sont représentés : artisans, réparateurs indépendants, réparateurs industriels, services après-vente (SAV), fabricants et distributeurs. Pour trouver un réparateur labellisé, consultez le site https:// annuaire-qualirepar.ecosystem. Cela vous permettra de bénéficier d’une réparation garantie en plus d’une réduction forfaitaire sur votre facture.
Aucune action requise
Le montant du bonus varie en fonction de l’appareil réparé. En moyenne, il équivaut à 19 % du coût total de la réparation. Vous n’avez pas de démarches à faire. Le bonus réparation est déduit directement de la facture.
Il est ensuite remboursé au réparateur par les éco-organismes dans un délai de 15 jours après réception de la facture et des preuves de la réparation effective.