Biscottes, brioches, pains de mie… Que valent leurs recettes ?
Entre 2019 et 2024, la majorité des recettes des produits de panification (brioches, crackers, croissants, pains grillés…) ne se sont pas suffisamment améliorées, voire pas du tout. Elles restent trop sucrées, trop salées, trop grasses et présentent encore trop d’additifs.
La CLCV s’est penchée sur les produits de panification croustillante et moelleuse*. Sous cette appellation, on retrouve les pains de mie, brioches, pains préemballés, pains grillés, toasts, croûtons, biscottes, galettes soufflées ou encore les croissants et les pains au chocolat. Nous avons voulu savoir quelle était leur qualité nutritionnelle et si leur recette avait évolué de 2019 à aujourd’hui. Pour cela, nous avons examiné les emballages et relevé, pour chaque référence, la liste d’ingrédients, les arômes et additifs, les allégations sur l’emballage et étudié le tableau de la déclaration nutritionnelle. Pour connaître leur qualité nutritionnelle, nous avons calculé leur Nutri-Score lorsqu’il n’était pas affiché. La principale avancée que nous avons constatée est la suppression de l’huile de palme réduisant les acides gras saturés, mauvais pour la santé. Mais en cinq ans, une grande partie des recettes n’a pas changé et pourtant, plusieurs pourraient être améliorées en réduisant leur quantité de sucre et de sel encore trop importante.
Qualité nutritionnelle variable pour un même produit
Face au rayon des pains de mie, des biscottes et autres produits de panification, il n’est pas évident pour le consommateur de juger rapidement de leur qualité nutritionnelle si le Nutri-Score n’est pas affiché sur l’emballage. Seuls 57 % des produits de notre enquête le mentionnent. Et pourtant des produits en apparence très similaires peuvent avoir des profils nutritionnels très différents. C’est le cas pour la majorité des familles de produits étudiées et en particulier pour les biscottes nature, les crackers de table et les pains grillés/toasts complets pour lesquels nous avons constaté que toutes les recettes ne se valent pas. Leurs Nutri-Score varient de A à E. C’est le cas des biscottes nature dont les recettes peuvent présenter des teneurs en sel et en acides gras saturés parfois très élevées. Au rayon des crackers, on trouve de tout. Si vous pensiez qu’il s’agissait nécessairement d’un en-cas sain, détrompez-vous. Les Nutri-Score vont de A à E (54 % de D et 40 % de C). Certaines recettes affichent des teneurs en sel extrêmement élevées, jusqu’à 2,8 g/100 g.
La CLCV invite les industriels et les distributeurs à s’engager dans la démarche du Nutri-Score. Il permet aux consommateurs d’être mieux informés sur la qualité nutritionnelle des produits qu’ils achètent et de les comparer rapidement entre eux. Bref, d’avoir toutes les cartes en main pour faire un choix éclairé. Nous appelons également la Commission européenne à rendre obligatoire le Nutri-Score en Europe dans les meilleurs délais.
Une image « santé » pour une piètre qualité nutritionnelle
« Réduit en sucre », « pauvre en sel », « sans additifs »… Nombreux sont les produits enquêtés affichant des mentions qui leur confèrent une image « santé » alors qu’ils sont de mauvaise qualité nutritionnelle et contiennent des additifs. Sur les 51 références qui affichent une allégation positive, 67 % ont un Nutri-Score entre C et E. Près de 70 % d’entre eux contiennent des additifs et assimilés. Et cela peut poser problème. Par exemple, les consommateurs qui cherchent à réduire leur consommation de sucre sont sensibles aux allégations « sans sucres ajoutés », souvent complétées par la précision « contient des sucres naturellement présents », pour orienter leurs achats. Dans certains cas, cette allégation est le signe d’une reformulation et va de pair avec un profil nutritionnel de qualité. Mais elle peut aussi être affichée sur des produits présentant un profil nutritionnel globalement médiocre. C’est le cas des biscottes à l’épeautre et aux graines de sésame bio de La Vie Claire qui affichent « sans sucres ajoutés » et 4 autres allégations nutritionnelles. Elles ont une Nutri-Score D car leur teneur en sel s’élève à 2 g/100 g. D’autres produits mettent en avant l’absence d’un ingrédient perçu négativement comme l’huile de palme. À nouveau, ces mentions n’augurent en rien de la qualité nutritionnelle. Ainsi les Brioch’burgers de la Fournée dorée sont certes sans huile de palme, mais contiennent 12 % de sucre, soit près du double de la moyenne des pains hamburgers nature (6,8 g/100 g).
Aujourd’hui la réglementation n’impose aucune condition de profil nutritionnel global pour apposer ce type d’allégation et permet d’enrichir artificiellement les produits de certains nutriments pour pouvoir communiquer sur les emballages.
Il ne faut donc pas uniquement se fier aux allégations nutritionnelles. Il faut toujours se faire une idée de leur qualité nutritionnelle au moyen du Nutri-Score s’il est affiché et en parcourant la liste des ingrédients. Nous considérons que ces allégations ne devraient pas figurer sur des produits dont la composition nutritionnelle générale est médiocre (Nutri-Score D et E).
Nous demandons aux pouvoirs publics de renforcer la réglementation sur l’utilisation des allégations nutritionnelles et de santé.
De bonnes surprises
Notre étude montre que seulement 25 % des produits ont amélioré leur recette entre 2019 et 2024. Parmi les bonnes surprises, la suppression de l’huile de palme dans 34 % des produits qui en contenaient en 2019.
En plus de l’impact social et environnemental positif, la suppression de l’huile de palme constitue un plus nutritionnel.
En effet, elle contient une teneur élevée en acides gras saturés qu’il faut limiter. Ils ont tendance à favoriser les dépôts de cholestérol dans les artères et à augmenter les risques de maladies cardiovasculaires. La substitution par un autre type de matière grasse (huile de colza ou tournesol principalement) dans les recettes entraîne une baisse importante de ces acides gras.
Autre amélioration, la réduction du nombre d’additifs dans 36 % des familles de produit qui en contenaient le plus en 2019 (brioches nature au chocolat/pépites, pains grillés/toasts, pains de mie, croissants et pains au chocolat). C’est le cas du pain de mie nature « spécial mie » de la marque Maître Jean-Pierre qui n’en contient plus alors que cinq ans auparavant il en comptait quatre. Mais attention, car des évolutions positives s’accompagnent parfois de dégradations. Par exemple, l’huile de palme a été supprimée et la quantité de sucre réduite dans des pains grillés au blé complet, mais la proportion de farine complète, et donc de fibre, a en même temps diminué de 70 % !
★Enquête sur 18 familles de produits de panification à partir du rapport Oqali pour les données de 2019 et d’un relevé en magasin et en ligne de 148 produits dans 12 enseignes pour les données 2024.
Entre 2019 et 2024, s’il y a eu des évolutions positives, la majorité des recettes n’ont pas progressé. Près de 80 % des produits étudiés ont conservé le même Nutri-Score… Et pourtant, certaines recettes pourraient être améliorées comme en témoignent 25 % de notre échantillon. 16% ont même gagné une note.