Nutri-Score : stop aux fake news !
De nombreux lobbys tentent de dénaturer le Nutri-Score. Leur but ? Empêcher qu’il devienne obligatoire en Europe. Florilège des arguments anti-Nutri-Score qui ne tiennent pas la route.
Le logo nutritionnel Nutri-Score a été adopté en France par un arrêté interministériel le 31 octobre 2017, après une âpre bataille contre les lobbys agroalimentaires qui a duré près de quatre ans. Affiché sur la face avant des emballages alimentaires, ce simple logo est un outil compréhensible par tous pour reconnaître les différences de composition nutritionnelle entre les produits d’une même famille et aider les consommateurs à orienter leurs choix vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle. Il repose sur de nombreux travaux scientifiques qui ont démontré son efficacité et son intérêt pour les consommateurs et la santé publique. D’ailleurs, après la France, six autres pays ont décidé de le mettre en place : l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse.
La CLCV soutient le Nutri-Score dont l’efficacité pour aider les consommateurs à faire des choix plus sains a été prouvée.
Nous entendons régulièrement dans les médias des arguments contre le logo nutritionnel Nutri-Score.
Des propos qui peuvent paraître pertinents à première vue. Face à eux, les consommateurs se questionnent de plus en plus sur la fiabilité du logo. Ces arguments, qui sont portés par les lobbys industriels et parfois repris par des personnalités politiques locales, ont un objectif clair : décrédibiliser le Nutri-Score et empêcher qu’il devienne obligatoire dans l’Union européenne.
« Le Nutri-Score s’attaque aux aliments traditionnels. Il pénalise les bons produits AOP/AOC et IGP »
Début juin, la présidente de la région Occitanie Carole Delga a demandé, dans une série de tweets, l’exclusion du Nutri-Score pour les produits AOP/IGP, notamment pour le roquefort. Selon elle, cet outil de notation « ne tient pas compte des qualités nutritionnelles » du roquefort, un fromage « riche en protéines, en calcium, en micronutriments » qui n’est « pas comparable à un produit ultra-transformé ». Si les fromages ou les charcuteries (AOP ou non) sont majoritairement classés Nutri-Score D ou E (certains C), c’est lié à leur richesse en graisses saturées et en sel. Ceci n’indique pas qu’ils ne doivent pas être consommés, mais qu’ils doivent l’être avec modération en accord avec les recommandations de santé publique. Ce n’est pas parce qu’un produit est traditionnel, rattaché au terroir, fabriqué selon un savoir-faire et qu’il fait partie d’un patrimoine culinaire qu’il faut refuser aux consommateurs la transparence nutritionnelle et donc d’afficher le Nutri-Score.
Même avec une AOP/AOC ou une IGP, un produit gras, sucré ou salé reste un produit gras, sucré ou salé !
« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur. Il est calculé pour 100 g… Mais on ne mange pas 100 g d’huile d’olive ou 100 g de roquefort »
Le Nutri-S&)re est calculé pour 100 g de produit (ou 100 ml pour les liquides), ce qui permet aux consommateurs de comparer plus facilement les produits entre eux, indépendamment de la quantité consommée. Par exemple, pour comparer 100 ml d’huile d’olive à 100 ml d’une autre huile, 100 g de céréales petit-déjeuner à 100 g d’autres céréales, 100 g de comté à 100 g de camembert ou de mozzarella, etc. La taille des portions est difficile à définir pour les aliments car elle varie en fonction de l’âge, du sexe, de l’activité physique, de la sédentarité… Ainsi, il est difficile de calculer un logo universel s’appuyant sur différentes tailles de portions ou d’afficher plusieurs logos sur les emballages en fonction des différents groupes de population. Comme les tailles de portions ne peuvent être standardisées sur des bases scientifiques, elles sont fixées par les fabricants eux-mêmes. Elles sont donc très variables d’un fabricant à l’autre et bien souvent en dessous des portions réellement consommées. Par exemple, les fabricants de céréales petit-déjeuner suggèrent des portions de 30 g, alors que la majorité des adolescents consomment des portions de 60 g à 80 g. Par ailleurs, il est difficile pour le consommateur d’évaluer à quoi cela correspond en pratique : c’est quoi 35 g de mimolette ? 120 g de pizza ? 15 g de pâte à tartiner ?
Un travail scientifique a montré qu’un logo par portion proposé en 2016 par de grands industriels (Coca-Cola, Pepsi, Nestlé, Mars, Mondelez, Unilever) était faussement rassurant et aboutissait à la sélection, par les consommateurs, de portions plus importantes pour des aliments de faible qualité nutritionnelle. Par exemple, le Nutri-Score d’une pâte à tartiner calculée pour 100 g est E. Le Nutri-Score pour une portion de 15 g (définie par le fabricant) serait C, donc bien meilleur, et conduirait les consommateurs à en manger une plus grosse portion.
« Le Nutri-Score a été créé et est soutenu par les fabricants de “malbouffe”. Il favorise les aliments industriels et ultra-transformés »
Cet argument, repris par certains députés qui prétendent défendre la gastronomie locale, donne ainsi l’impression aux consommateurs que le logo favorise les produits industriels. Depuis que l’Europe a annoncé, en mai 2020, la mise en place au niveau européen d’un étiquetage nutritionnel harmonisé obligatoire, les lobbys sont de plus en plus nombreux à discréditer le logo.
En réalité, le Nutri-Score ne fait que reprendre les données nutritionnelles actuellement indiquées sous forme de tableau et peu compréhensibles.
Le Nutri-Score a été développé par une équipe de scientifiques indépendants et a été validé en conditions réelles d’achat en comparaison avec d’autres systèmes d’étiquetage nutritionnel.
« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur, la preuve, il classe l’huile d’olive moins bien que le Coca Cola Light ou les céréales petit-déjeuner »
Le Nutri-Score ne classe pas les aliments en « sains » ou « malsains » ! Le consommateur a besoin de pouvoir comparer la qualité nutritionnelle des aliments qui ont une pertinence à se substituer dans leur consommation, leur usage ou leurs conditions d’achat. Comparer l’huile d’olive au Coca-Cola Light n’a aucun sens. La question ne se pose absolument pas de cette façon pour les consommateurs au moment de l’achat ou de leur consommation alimentaire ! Il est très peu probable qu’ils envisagent d’assaisonner leur salade avec du Coca-Cola ou de se rafraîchir avec de l’huile d’olive… Par définition, le Nutri-Score n’invente rien. Il ne fait que retranscrire sous forme synthétique les éléments de la composition nutritionnelle du produit qui figurent sur l’étiquette nutritionnelle présente à l’arrière de l’emballage.
La bataille continue !
Avant son adoption, de nombreux et puissants lobbys industriels ont tout fait pour empêcher la mise en oeuvre du Nutri-Score. Face à eux, différents acteurs (scientifiques, professionnels de santé, associations de consommateurs) se sont mobilisés pour convaincre et démontrer l’intérêt du Nutri- Score. Et de grandes marques réfractaires, telles que Nestlé, l’ont finalement adopté sous la pression des consommateurs. Mais il reste encore du travail, de nombreuses grandes entreprises (Coca-Cola, Mondelez, Mars, Lactalis…) continuent à combattre le logo et à refuser de I afficher sur leurs produits
Retrouvez les réponses de la CLCV sur d’autres arguments anti-Nutri-Score trompeurs sur www.clcv.org
Regardez sur notre chaîne YouTube @clcv (www.youtube.com), notre webinaire sur le Nutri-Score.
Calcul du Nutri-Score, utilité pour les consommateurs, éclairages scientifiques, critiques, fake news…
Animé par Serge Hercberg, épidémiologiste et nutritionniste, spécialiste en santé publique, et Lisa Faulet, responsable scientifique et alimentation à la CLCV