Les produits biosourcés en 7 questions

Les produits biosourcésGels douche, peintures murales, casques de vélo, sacs plastiques, biocarburant ou même linge de maison… Nous côtoyons au quotidien des produits biosourcés. Mais que signifie cette appellation ? Sont-ils plus vertueux ?

Les matières biosourcées font progressivement leur retour dans la fabrication de nos objets après plusieurs décennies de règne du pétrole. Nos ancêtres, même très lointains, les utilisaient déjà : cordes, toiles des tableaux ou bandages des momies en lin, maisons et bateaux construits en bois ou encore la paille utilisée pour s’isoler du froid. La crise climatique et l’épuisement des ressources fossiles ont remis sur le devant de la scène ces matières car elles constituent une alternative au pétrole. Elles permettent de limiter notre dépendance à cet hydrocarbure, une ressource de plus en plus rare et dont l’utilisation engendre des impacts considérables sur l’environnement (pollutions, émissions de gaz à effet de serre…).

Grâce à ses forêts et ses surfaces agricoles, la France bénéficie d’un gisement important de matières provenant du vivant. Notre pays est, par exemple, le premier producteur mondial de lin.

Les produits biosourcés « made in France » avec de la matière première française sont intéressants pour l’environnement et l’emploi. Ils dispensent du transport de matières premières sur de longues distances, permettent la relocalisation d’activités industrielles ou artisanales et favorisent ainsi la création d’emplois.

1 C’est quoi un produit biosourcé ?

Il s’agit d’un produit fabriqué avec des ressources renouvelables issues de matières végétales et animales (blé, colza, lin, chanvre, sciure de bois, algue, laine de mouton, déchets organiques…), mais également de champignons ou de bactéries. Des matières qui remplacent ou viennent en complément de ressources fossiles comme le pétrole. Ainsi, les fibres de lin ou de chanvre sont utilisées dans la fabrication de matériaux d’isolation pour le bâtiment ou la garniture intérieure des voitures, quand des molécules de blé, de betteraves, de maïs et de pommes de terre trouvent leur place dans l’élaboration de détergents pour la cuisine, de shampoings ou de gels douche.

2 Vient-il de l’agriculture biologique ?

« Utilisé seul, le préfixe “bio” prête souvent à confusion », explique-t-on à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Et pour cause : le terme « biosourcé » ne veut pas dire que les matières premières utilisées proviennent de l’agriculture biologique, ni que le produit est biodégradable. Il signifie simplement qu’il a été élaboré à partir de matières provenant du vivant (bio = vivant). Des matières premières qui subissent en général un ou plusieurs traitements physiques, chimiques ou biologiques, ne rendant pas forcément le produit biosourcé vertueux.

Des produits bénéfiques

laine de moutonLa laine de mouton a la faculté de fixer durablement le formaldéhyde, l’un des principaux polluants de lair intérieur. Un produit en laine naturelle (moquette, tenture…) peut limiter la pollution domestique. D’autres produits biosourcés sont reconnus pour leurs propriétés virucides et bactéricides. Ainsi, le caoutchouc est idéal pour les revêtements de sol en milieu hospitalier ou dans les crèches car il limite le développement des bactéries ou des virus que nous transportons sous nos chaussures.

 

3 Dans quels produits les trouve-t-on ?

À tarif équivalent aux produits conventionnels, ceux biosourcés ont trouvé leur place dans notre quotidien : jean à base de chanvre, pneus intégrant de la silice issue de la mélasse de betterave ou d’écorces de riz, casque de vélo à base de bambou, panneau acoustique à base de mycélium (champignons), de liège ou de coton recyclé, raquette de tennis avec de la fibre de lin, combinaison de surf à base de coquilles d’huîtres…

Pour les reconnaître, il existe des labels comme « Bio-based content », « Ok biobased » ou « Biobased – XX % », ou d’autres, plus spécifiques, comme « Produit biosourcé » de l’association Karibati pour les produits de construction. Des labels qui n’apportent en revanche pas une garantie sur la performance environnementale du produit. En effet, en dehors des sacs plastiques biosourcés (au moins 50 % d’origine végétale en 2020, 60 % à partir de 2025), il n’existe pas d’obligation réglementaire ou de normes qui imposent un pourcentage minimum de matières issues du vivant. « Un fabricant peut n’incorporer que quelques pour cent de biomasse dans un produit et le déclarer biosourcé », explique l’Ademe.

4 Est-il plus écologique ?

« Bio ne veut pas forcément dire que le produit est inoffensif et sans impact pour l’environnement. Cela veut simplement dire qu’il vient du vivant », rappelle l’Ademe. L’intérêt principal des produits biosourcés : l’utilisation des matières végétales et animales utilisées ans leur élaboration limite la consommation de ressources fossiles non renouvelables (pétrole, gaz et charbon)et permet de capter du carbone grâce à la photosynthèse. Si, pour certains produits,le gain environnemental est incontestable

  • c’est le cas des soins exfoliants pour la peau qui ont longtemps utilisé des microbilles de plastique non éliminées par les stations d’épuration, et remplacées depuis leur interdiction, en 2018, par de la poudre de coque de noix ou de noyau d’abricot
  •  ce n’est pas le cas pour tous. Les produits biosourcés peuvent en effet contenir des matières provenant de cultures ou d’élevages conventionnels utilisant des procédés phytosanitaires ou hormonaux ou encore être traités avec des additifs chimiques et polluants.

Pour vérifier l’empreinte écologique d’un produit biosourcé, le mieux est de se référer à l’analyse de son cycle de vie (ANCV). Il permet de s’assurer que l’ensemble des étapes de fabrication, de commercialisation et d’utilisation ne consomment pas plus d’énergie et ne génèrent pas plus de pollutions qu’un produit équivalent classique. Pour s’y retrouver en tant que consommateur, le réflexe à adopter est de se tourner vers des produits portant l’écolabel européen, qui prend en compte l’ensemble de ces facteurs.

5 Sont-ils meilleurs pour la santé ?

Leur provenance naturelle tout comme leur procédé de fabrication ne garantit pas que les produits biosourcés sont inoffensifs pour la santé. Comme n’importe quel autre produit, avant d’être commercialisé, un produit biosourcé est analysé pour vérifier sa toxicité. Pourquoi ? Par exemple, parce que « certaines cultures ou certains élevages utilisent des traitements phytosanitaires ou hormonaux et des traces peuvent se retrouver dans les produits fabriqués » indique l’Ademe. Ou encore parce que « tous les produits, biosourcés ou non, peuvent également être traités avec des additifs pour les rendre non inflammables, imperméables, résistants aux moisissures… ».

6 Que faire d’un produit biosourcé dont on ne veut plus ?

Les produits biosourcés en fin de vie doivent être traités de la même manière que ceux plus conventionnels. Vous pouvez tout d’abord les réparer, les donner, les revendre et enfin les déposer dans une borne de collecte en déchetterie. Concernant les sacs plastiques biosourcés et biodégradables,  il est recommandé de ne pas les mettre  au compost. Selon un avis publié en octobre 2022 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les matières plastiques des sacs qui se revendiquent « biosourcées, biodégradables ou compostables » peuvent ne pas totalement se dégrader dans les composteurs domestiques et, pire, diffuser des substances comme des polymères, des monomères résiduels, des additifs ou des charges inorganiques, et ainsi contribuer à une pollution de l’environnement.

7 Coûtent-ils plus cher que leurs équivalents?

Leur coût est très variable. Il dépend de leur mode de fabrication, de la quantité fabriquée et distribuée ou encore de la maturité de la filière.

Par exemple, dans le bâtiment, les charpentes en bois sont souvent plus compétitives que les autres types de toitures (notamment en béton). Les produits biosourcés sont aussi compétitifs dans le secteur du mobilier comme, par exemple, le paillage horticole.

Tous n’ont pas un prix compétitif. Les biocarburants, incorporés aux carburants depuis quelques années, ont par exemple entraîné une légère hausse des prix : 2,1 centimes d’euro par litre d’essence et + 1,8 centime d’euro par litre de gazole en 2019 (source : Ademe Transitions 2050).

 

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