Logement classé G : pouvez-vous encore louer votre bien immobilier ?
La loi Climat et résilience prévoit une interdiction progressive de la location des « passoires thermiques ». Votre bien est-il concerné ?
La loi Climat et résilience du 22 août 2021 a fait de la performance énergétique d’un logement un critère de décence. Mais cela n’est pas une nouveauté en soi. Déjà, la loi du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat instaurait, à partir de 2023, un seuil minimum de consommation d’énergie pour qu’un logement puisse être loué. Au 1er janvier 2023, la France comptait 30 millions de résidences principales, dont 4,8 millions de passoires thermiques (logements classés F et G) et 6,4 millions de classe E (source : Observatoire national pour la rénovation énergétique). Comme le souligne le ministère de la Transition écologique, « le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il représente à lui seul 27 % des émissions de CO2 et près de 45 %de la consommation d’ énergie finale. Le secteur du bâtiment a donc un rôle central à jouer dans l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050 ».
Que dit la loi ?
Pour être considéré comme « décent », tout logement mis en location doit respecter des niveaux de performance énergétique minimum. Ainsi, depuis le 1er janvier 2023, les biens immobiliers classés G (appelés en pratique « G+ »), dont la consommation énergétique annuelle (comprenant les éclairages, le chauffage, l’eau chaude, la ventilation…) est supérieure ou égale à 450 kWh d’énergie finale par mètre carré, ne sont plus louables en l’état.
Par ailleurs, une interdiction progressive de mise en location des passoires énergétiques est instaurée sur les prochaines années :
► À partir du 1er janvier 2025, la location de l’intégralité des logements de classe G sera interdite. Les logements devront atteindre au moins la classe F pour être loués.
► À partir du 1er janvier 2028, la location des biens de classe F sera interdite.
► À partir du 1er janvier 2034, les logements de classe E ne seront plus louables.
Ces critères s’appliquent au parc privé, en location nue ou meublée, comme au parc social. Les locations saisonnières échappent à cette réglementation pour le moment. Si le propriétaire met toutefois en location son logement, il s’expose à être contraint par la justice (le locataire doit saisir le tribunal judiciaire) à la réalisation de travaux de rénovation et à une diminution, voire une suspension, du montant du loyer et de la durée du bail.
Comment savoir si mon logement est concerné ?
Il existe aujourd’hui des logements classés G dont la location est encore autorisée, et ceux dits G+, qui ne peuvent plus être loués. Pour savoir si vous êtes concerné, consultez le diagnostic de performance énergétique (DPE) du logement. Rappelons que celui-ci évalue la performance d’un logement en lui attribuant une étiquette, de A pour les logements peu énergivores à G pour les logements très énergivores. Le DPE doit être réalisé par un diagnostiqueur certifié. Il est possible de choisir son diagnostiqueur DPE dans sa région en consultant l’annuaire des diagnostiqueurs certifiés. Son coût moyen est de l’ordre de 150 €. Sur les anciens DPE, vous aurez à prendre en compte le chiffre de l’énergie finale annuelle (et non celui de l’énergie primaire), que vous diviserez par la surface habitable de votre bien. Si la consommation est inférieure à 450 kWh/m2/an. le bien reste encore louable jusqu’au 1er janvier 2025.
L’application aux baux en cours
L’interdiction de la location ces passoires énergétiques concerne tous les baux conclus depuis le 1er janvier 2023 pour les logements classes G– et ceux conclus à compter des 1er janvier 2025, 2028 ou 2034 selon le cas. Mais quid des baux conclus avant la date d’entrée en vigueur de l’interdiction de mise en location ? Le ministère de la Transition écologique indique que ces « aux nouveaux contrats de location et aux renouvellements ou reconductions tacites de contrats ». Cela signifie qu’un bail de 3 ans pour un logement G+, conclu en 2021, serait concerné par l’interdiction de mise en location à compter de 2024.
Quelles sont les caractéristiques d’une passoire thermique ?
Il suffit de se référer au diagnostic de performance énergétique (DPE) du logement. Ce document synthétise la consommation énergétique du logement, ses émissions de gaz à effet de serre et attribue une lettre de A à G par niveau de performance décroissant. Si le DPE présente l’une des deux plus mauvaises étiquettes, F ou G, on dit que le logement est une passoire thermique. Début 2022, la France métropolitaine comptait près d’un logement sur cinq classé dans la catégorie des passoires énergétiques, selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE).
Cette interprétation est loin de faire l’unanimité. En effet, à titre d’exemple, il est expressément prévu, pour les logements classés G+, que l’interdiction de mise en location concerne les « nouveaux baux ». À l’inverse, pour les échéances de 2025, 2028 et 2034, il est uniquement indiqué que la disposition s’applique « à compter » du 1er janvier de l’année en question. À comparer avec le gel des loyers des passoires énergétiques qui concerne tous les baux « conclus, renouvelés ou tacitement reconduits » à compter du 24 août 2022. Pour le moment, le plus sûr est d’appliquer l’interprétation du ministère, mais en l’absence de modification des textes, il est fort possible qu’un contentieux naisse sur le sujet.
Par ailleurs, le bailleur n’est tenu de remettre un DPE que lors de la signature du bail ou de son renouvellement exprès.
Cela signifie qu’il n’est pas obligé de réaliser un nouveau DPE, même si la durée de validité de celui-ci a expiré, et de le fournir au locataire en cours de bail, sauf renouvellement exprès du bail (à ne pas confondre avec la reconduction tacite). Toutefois, une réponse ministérielle est venue préciser que le locataire avait le droit d’exiger du propriétaire la fourniture d’un nouveau DPE. Une position qui va à l’encontre des textes et qu’il convient d’utiliser avec précaution.
Les travaux sont-ils obligatoires ?
À l’heure actuelle, si le bien n’est pas loué, aucune disposition légale n’oblige un propriétaire à effectuer des travaux de rénovation en cas de mauvais diagnostic de performance énergétique.
Toutefois, en copropriété, il est fait obligation d’effectuer un diagnostic en vue de réaliser un projet de plan pluriannuel de travaux sur les dix prochaines années et de le soumettre à l’assemblée générale. Ici encore, il n’y a pas d’obligation de travaux, mais il ne faut pas perdre de vue qu’un logement indécent d’un point de vue énergétique, perd non seulement de la valeur mais, surtout, ne peut pas être loué, et ce sans exception.
Existe-t-il des aides pour une remise aux normes ?
« La rénovation énergétique (logements privés et bâtiments publics) est l’un des secteurs prioritaires du plan France Relance qui lui consacre aujourd’hui 6,2 milliards sur deux ans », rappelait, en février 2023, le ministère de la Transition énergétique. Il est ainsi possible, en tant que propriétaire, de bénéficier d’aides financières pour la rénovation énergétique d’un logement en tant que résidence principale ou placé en location. De nombreux dispositifs existent comme MaPrimeRénov’, les certificats d’économie d’énergie (CEE), Loc Avantages... En 2024, l’aide versée dans le cadre de MaPrimeRénov’ a été renforcée. Les taux de financement ont été majorés de 10 % pour les passoires thermiques qui atteignent au moins l’étiquette D du DPE après travaux.
Pour savoir si vous pouvez en bénéficier et avant de commencer tous travaux, il est recommandé de contacter un conseiller du service public France Rénov’ (www.france-renov.gouv.fr ou au 0 808 800 700).
Loyer gelé
S’ils ne sont pas encore interdits à la location, les logements classés F ou G ne peuvent plus faire l’objet d’une augmentation de loyer entre deux locataires, au moment d’établir un nouveau bail ou de réviser annuellement le loyer. Les augmentations de loyer ne pourront reprendre que si des travaux de rénovation énergétique ont lieu et s’ils se soldent par l’obtention d’un DPE, a minima, de classe E.