Eaux en bouteille : des traitements interdits utilisés par les industriels
Une enquête du quotidien Le Monde et de la cellule investigation de Radio France révèle que des industriels, dont Nestlé, auraient utilisé des techniques de filtration interdites sur les eaux en bouteilles.
Utilisation de traitements interdits
Puisées profondément dans les nappes phréatiques, les eaux minérales naturelles et eaux de source sont censées être naturellement saines car protégées des risques de contamination.
Elles ne peuvent faire l’objet que d’un nombre très limité de traitements. Le recours à certains d’entre eux (filtres à charbon ou filtres UV…) est interdit. Seuls des filtres supérieurs à 0,8 micron sont autorisés de façon exceptionnelle et non systématique pour se débarrasser de certains composés comme le fer. L’enquête révèle que dans le cas des bouteilles du groupe Nestlé (Vittel, Hépar, Perrier…), «près de 30 °/o des désignations commerciales subissent des traitements non conformes » à savoir des filtres inférieurs à 0,8 micron, des filtres au charbon actif et des filtres UV. Le groupe Alma (Cristaline, Courmayeur…) y aurait aussi eu recours.
Le gouvernement au courant
L’enquête révèle que Nestlé aurait sollicité le gouvernement en 2021 pour l’informer de l’utilisation de ces traitements et lui demander un assouplissement de la réglementation leur permettant de poursuivre ces pratiques.
Le gouvernement aurait autorisé leur utilisation par voie préfectorale. Au-delà de l’utilisation de techniques non conformes, la tolérance et le manque de transparence du gouvernement sont inacceptables. Les consommateurs auraient a minima dû en être informés !
Les consommateurs trompés
Les ressources en eau exploitées par les industriels sont régulièrement, et de plus en plus, contaminées par des bactéries et des polluants chimiques (pesticides…). Ces traitements auraient permis de purifier l’eau et de protéger les consommateurs d’une dégradation de sa qualité. Si cette pratique ne présente pas de risque sanitaire pour les consommateurs, elle représente une véritable tromperie sur la dénomination « eau minérale naturelle ». Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d’Épinal pour tromperie à l’encontre de Nestlé Waters. Notre association envisage d’engager une action pour pratique commerciale trompeuse.
Ces révélations plaident pour l’engagement de la CLCV pour l’eau du robinet. Celle-ci fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent et doit respecter des normes de qualité strictes afin d’être adaptée à une consommation quotidienne. Elle préserve l’environnement et notre porte-monnaie.
Sensibiliser les consommateurs à l’eau du robinet
Les antennes locales de la CLCV sont mobilisées dans toute la France pour informer les consommateurs sur la ressource eau et promouvoir I eau du robinet. Afin de les sensibiliser à l’intérêt de boire l’eau du robinet, la CLCV organise régulièrement des animations (conférences sur la qualité de l’eau, visites de stations d’épuration…).
Par exemple, nos bénévoles proposent des bars à eaux. Il s’agit d’une dégustation à l’aveugle de trois eaux : l’eau du robinet locale, une eau en bouteille et une eau minérale. Aux goûteurs de trouver quelle est l’eau du robinet. D’une manière générale, les deux tiers des consommateurs ne différencient pas les trois eaux.