Intelligence artificielle Deepfakes : soyez vigilant !
Ces « hypertrucages » prolifèrent sur Internet, diffusant de fausses informations. D’où proviennent-ils ? Comment les repérer ?
Bouche-à-oreille propageant une fausse rumeur sur une personne, campagne de propagande par un gouvernement pour manipuler ou déstabiliser l’opinion…
La diffusion de fausses informations, ou fake news, n’est pas un phénomène nouveau. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui avec les réseaux sociaux et Internet, elles circulent rapidement et tout le monde peut en diffuser à grande échelle. À cela s’ajoutent celles créées par un usage abusif de l’intelligence artificielle (IA). Des contenus trompeurs qui sont difficiles à repérer : les deepfakes. Selon un sondage IFOP de mars 2024, seuls 33 % des Français s’estiment capables de discerner un contenu photo ou vidéo généré par une intelligence artificielle d’un contenu réel.
Mais apprendre à les distinguer n’est pas impossible en adoptant les bons réflexes.
Qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?
Le Parlement européen définit l’intelligence artificielle comme tout outil utilisé par une machine afin de « reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité ». L’intelligence artificielle permet d’imiter certains aspects de l’intelligence humaine. Il s’agit principalement de son, de texte, d’image de vidéo. L’intelligence artificielle est omniprésente dans notre quotidien.
Elle est utilisée dans de nombreux secteurs comme la santé, la finance ou le transport. Par exemple, dans le développement des voitures autonomes qui prendront des décisions en temps réel en fonction de leur environnement.
Il y a également les moteurs de recherche avec lesquels il suffit de taper des mots-clés pour se voir proposer les meilleures réponses liées à sa requête. Le chatbot, un service client automatisé pour répondre aux questions fréquentes de l’utilisateur et l’orienter vers des démarches en ligne.
La reconnaissance faciale pour déverrouiller un smartphone ou utilisée pour le contrôle d’identité dans les aéroports.
La traduction automatique et les recommandations personnalisées de films ou séries sur des plateformes de streaming issues de l’analyse de nos préférences.
Les réseaux sociaux et plus généralement Internet sont régulièrement le lieu de manipulations numériques.
Conseils pour distinguer une information vraie d’une fausse
► Identifiez l’origine de l’information et assurez-vous qu’elle provient d’une source fiable. Une fois identifiée, l’information doit être recoupée (reprises par médias fiables qui indiquent leurs sources, institutions officielles…). Si l’information n’est pas sourcée, il a probablement quelque chose de suspect.
► Soyez particulièrement vigilant vis-à-vis de contenus impliquant des personnalités publiques, des évènements géopolitiques même s’ils semblent authentiques. Vous devez rester attentif à ce que vous lisez et à ce que vous partagez, notamment sur les réseaux sociaux.
► Vérifiez la fiabilité du site marchand sur lequel vous arrivez après avoir cliqué sur une publicité. Assurez-vous de ses conditions générales de vente et vérifiez que le service après-vente est effectif.
► Méfiez-vous des titres racoleurs, des photos et des articles qui incitent à de fortes réactions émotionnelles. Faîtes preuve d’esprit critique face aux affirmations extraordinaires sans preuve solide.
► Consultez les commentaires sous une publication d’un réseau social (X, Facebook…). Des internautes peuvent avoir repéré l’arnaque. Vous pouvez également consulter le site factuel.afp.com service au sein de l’Agence-France-Presse, où des journalistes « vérificateurs » de faits démêlent le vrai du faux.
Et les deepfakes ?
Les deepfakes ou « hypertrucages » sont de faux contenus vidéo, photo, texte ou voix réalisés à l’aide de l’intelligence artificielle. Des logiciels peuvent, dans une vidéo, intégrer le corps et le visage d’une célébrité en se basant sur les mouvements d’une autre personne dans une vidéo, modifier la voix d’une personne et lui faire dire ce que l’on souhaite en imitant sa voix. Elles participent à la désinformation surtout quand elles sont liées à l’actualité.
Les deepfakes causent également arnaques et tromperies. De fausses boutiques en ligne sont générées par l’IA sur lesquelles le consommateur ne recevra jamais la commande passée ou l’IA reprenant la voix d’Angèle pour créer une nouvelle chanson de l’artiste trompant les fans et le public.
Manque d’information des consommateurs
ChatGPT, application de création photo ou vidéo… L’intelligence artificielle est aujourd’hui accessible à tous.
Les escrocs ne font pas exception et l’utilisent pour arnaquer les consommateurs. Ils créent, par exemple, publicités sur des produits à des prix attrayants qui n’existent pas, leurs photos ont été générées par l’intelligence artificielle. Le client dirigé sur le site frauduleux ne recevra jamais sa commande et ne pourra pas se faire rembourser. Les consommateurs ne sont pas égaux face aux fausses créations par manque d’information et de sensibilisation. Les réseaux sociaux et plus généralement Internet sont régulièrement le lieu de manipulations numériques qu’une partie des internautes peine à reconnaître et va donc propager. Pour lutter contre cette inégalité, il est impératif d’investir dans l’éducation numérique. Une compréhension solide des technologies émergentes, notamment des risques liés aux diffusions de fausses informations, est essentielle pour permettre à tous les consommateurs de prendre des décisions éclairées. Cultivez votre éducation numérique. Il est indispensable de bien différencier une information d’une croyance et d’une opinion.
Cherchez des opportunités, tant locales que nationales, d’éducation numérique pour rester informé des évolutions technologiques.
Comment reconnaître une image générée par une IA ?
Certains indices doivent éveiller votre vigilance. La délégation à l’information et à la communication de la Défense (DICoD) mentionne un manque de cohérence et de précision dans la représentation de certains objets et accessoires, ou de certaines parties du corps. Le plus difficile à faire pour l’IA étant les mains. Autre conseil : lorsque l’IA représente une foule ou un grand nombre de personnes, les visages peuvent perdre en cohérence et en netteté. Enfin, l’IA peine à intégrer du texte au sein d’une image qu’elle génère (nom de marque sur un vêtement ou nom d’un produit alimentaire flous par exemple).
Source : Guide contre ta désinformation, DICoD, 2024