La CLCV a constaté une tendance à la hausse du prix des réparations des appareils électriques et électroniques depuis la mise en place du bonus réparation.

Depuis décembre 2022, l’État a instauré un bonus réparation.

C’est une aide financière pour inciter les consommateurs à réparer à moindre coût leurs appareils du quotidien (micro-ondes, lave-linge, sèche-cheveux…). La CLCV a été chargée par les éco-organismes ecosystem et Ecologie de constituer un observatoire du fonds réparation des équipements électriques et électroniques. En janvier 2024, nous avons publié notre second bilan. Notre crainte, lors de notre premier bilan, d’une probable hausse significative du prix moyen des réparations après la mise en place du bonus réparation s’est confirmée. Et nous avons identifié les différents freins qui empêchent la réparation de devenir une pratique durable.

Jusqu’à 15 % d’augmentation

Nous avons analysé près de 160 000 réparations de télévisions, lave-vaisselle, téléphones portables, réfrigérateurs et autres congélateurs réalisées en 2023 avec le soutien du bonus réparation. Notre constat : le coût moyen d’une réparation a augmenté de 10 à 15 % pour les appareils les plus réparés. Une hausse tout juste compensée par le bonus réparation.

D’un montant oscillant entre 15 et 50 € selon l’appareil, ce bonus a pour objectif d’encourager les consommateurs à réparer leurs appareils au lieu d’en acheter des neufs (lire Bonus réparation : ce qui va changer à partir du 1er janvier 2024, n° 221). Il permet de couvrir, en moyenne, 17 % du coût total de la réparation, soit un bonus moyen de 23 € sur une facture moyenne de 136 €. Entre janvier et novembre 2023, l’addition moyenne pour faire réparer les lave-linge, fours encastrables ou cuisinières a augmenté de 12 %. La hausse a été de 14 % pour les téléviseurs et de 18 % pour les téléphones portables. La facture moyenne a en revanche reculé de 4 % pour les ordinateurs portables. Nous encourageons les consommateurs à faire jouer la concurrence afin d’obtenir le meilleur devis.

Bonus réparation : un impact différent selon l’équipement

Si nous avons observé une tendance à la hausse de la réparation pour la quasi-totalité des appareils éligibles, l’impact du bonus sur le coût total de la réparation varie considérablement en fonction du type d’appareil. La réparation est plus avantageuse que l’achat d’un produit neuf pour les lave-linge, les lave-vaisselle, les réfrigérateurs/ congélateurs. Contrairement à certains équipements tels que les grille-pain, bouilloires ou encore les presse agrumes, dont la réparation n’apparaît probablement pas, pour les consommateurs, comme suffisamment attractive à réparer au regard de leur prix neufs.

Un nombre de points de réparation insuffisant

Si la labellisation des réparateurs est en progression, elle reste encore faible. Il y a seulement 806 entreprises labellisées sur tout le territoire. Elles offrent aux consommateurs un peu plus de 4500 points de réparation : notamment 2052 sites de réparation (où les consommateurs peuvent amener leurs appareils) et 2567 professionnels qui se déplacent chez le client. Quand on sait qu’il y a, par exemple, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’Énergie (Ademe), environ 30000 sites de réparation répartis sur l’ensemble du territoire, cela signifie que seuls moins de 7 % d’entre eux sont actuellement labellisés QualiRépar. À cela s’ajoute un déséquilibre dans les spécialisations des réparateurs avec une prédominance pour les équipements informatiques et de télécommunications ainsi que le gros électroménager… Et, sans surprise, ce sont les téléphones portables, les lave-linge et les lave-vaisselle qui sont les plus réparés. Cette situation a certainement un impact sur les consommateurs. Davantage de réparateurs labellisés sur d’autres spécialités (petit et gros outillage électrique, équipements de loisir et de sport…) donnerait aux consommateurs accès à une plus grande variété d’offres de réparation.

On peut penser qu’ils opteraient ainsi plus pour la réparation plutôt que pour l’achat d’un nouvel appareil.

Un accès inégal à la réparation

Nous ne sommes pas tous égaux face à la réparation ! Selon votre  l’offre de réparateurs labellisés sera plus ou moins importante, avec des territoires très peuplés et peu de professionnels. C’est les cas du Nord, de Paris et des Bouches-du-Rhône qui présentent le moins de points de réparation par habitant : 0,39 point pour 10000 habitants dans le Nord, 0,38 à Paris et 0,44 dans les Bouchesdu- Rhône. Il est nécessaire d’étoffer l’annuaire des réparateurs QualiRépar pour que la réparation devienne une pratique adoptée par une majorité, àl’image du tri sélectif des déchets. C’est une étape essentielle car les consommateurs ne feront pas des kilomètres pour faire réparer leur équipement !

Des mesures indispensables

Notre bilan identifie le manque de sensibilisation des consommateurs au bonus réparation comme un obstacle majeur au recours à la réparation plutôt qu’à l’achat d’un appareil neuf. Une communication plus efficace, une meilleure éducation des consommateurs et une visibilité accrue du bonus sont des éléments clés à mettre en place pour transformer ce programme d’incitation en une norme culturelle durable.

Nous recommandons des mesures de relance pour dynamiser l’adhésion des professionnels de la réparation au programme de labellisation et des ajustements quant aux montants du bonus réparation pour maintenir l’équilibre entre le choix de faire réparer ou d’acheter un appareil neuf. Une surveillance constante des tarifs de réparation est essentielle pour garantir l’efficacité à long terme du fonds réparation.

Son succès repose sur sa capacité à évoluer en réponse aux dynamiques du marché et à favoriser une culture de consommation consciente.

Combien coûte une réparation ?—————————————-

(Montant moyen, bonus réparation déduit, novembre 2023)