Recyclage des bouteilles en plastique : une plainte pour greenwashing
Des associations de consommateurs, dont la CLCV, ont signalé aux autorités européennes des allégations commerciales trompeuses sur la recyclabilité des bouteilles d’eau de grandes marques.
Le consommateur européen boit en moyenne 118 litres d’eau en bouteille par an. 97 % de cette eau est conditionnée dans des bouteilles en plastique qui sont l’une des principales sources de pollution plastique des plages européennes. L’industrie des boissons (de grandes marques comme Coca-Cola HBC, Danone et Nestlé Waters) a recours à des allégations de recyclabilité qui, selon l’analyse réalisée par le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), en collaboration avec ClientEarth et ECOS, sont trop vagues, inexactes et/ou insuffisamment justifiées. Ils ont identifié des allégations problématiques sur de nombreuses bouteilles en Europe. Les trois principales sont « 100 % recyclable », « 100 % recyclé » et l’utilisation de visuels verts. « 100 % recyclable » est un terme ambigu qui dépend de nombreux facteurs tels que les infrastructures de collecte disponibles dans le pays, l’efficacité du processus de tri ou encore l’existence de processus de recyclage appropriés. Le taux de recyclage des bouteilles seules en polyéthylène téréphtalate (PET), sans le bouchon ni l’étiquette, est estimé à seulement 55% dans l’UE et les chances qu’elles servent à fabriquer une nouvelle bouteille sont d’environ 30 %.
« 100 % recyclé » laisse à penser que la bouteille est entièrement fabriquée à partir de matériaux recyclés. Or, les bouchons ne peuvent pas être fabriqués à partir de matériaux recyclés, d’après la législation européenne. Quant aux étiquettes, elles sont rarement fabriquées à partir de matériaux recyclés. De plus, l’ajout de plastique vierge (plastique non recyclé) au corps de la bouteille est également une pratique courante. Enfin les visuels verts, logos verts ou images de nature, utilisés sur les emballages de nombreuses bouteilles d’eau à travers l’Europe véhiculent une idée fausse de neutralité environnementale, de circularité sans fin du plastique et peuvent même donner l’impression que les bouteilles auraient un impact positif sur l’environnement.
Le BEUC et 13 de ses membres, dont la CLCV, ont déposé une plainte auprès de la Commission européenne et du réseau des autorités de protection des consommateurs (CPC) contre les principaux fabricants de bouteilles en plastique pour greenwashing, leur demandant d’ouvrir une enquête. Une action qui s’ajoute à celle déjà lancée en France par la CLCV en octobre 2021. Nous avons identifié l’allégation « 100 % recyclable » sur des bouteilles de la marque Volvic, et avons porté plainte pour pratiques commerciales trompeuses devant le tribunal judiciaire de Paris. Nous appelons les autorités à veiller à ce que les professionnels cessent d’induire les consommateurs en erreur en utilisant de telles allégations.
Protection des consommateurs : un nouveau mode d’action
Les associations de consommateurs européennes, la CLCV en tête, ont développé un nouveau mode d’action pour que les autorités nationales agissent pour améliorer la protection des consommateurs dans divers domaines (alimentation, environnement…).
Nous interpellons les instances européennes en collaborant tous ensembles à l’image de notre plainte contre les fabricants de bouteilles en plastique. C’est un moyen fort pour influencer les législations.
Cette année nous avons également, aux côtés du BEUC, alerté la Commission européenne sur le greenwashing de 17 compagnies aériennes. L’objectif, est qu’une enquête sur ces pratiques soit lancée et qu’une décision contraignante soit prise pour interdire les allégations visant à faire croire que prendre l’avion est une pratique respectueuse de l’environnement.