Pas de déchet plastique dans le compost !
Vous déposez les emballages plastiques biodégradables et compostables dans votre bac à compost ? L’appellation induit en erreur… Ces déchets peuvent polluer le compost alerte I’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES).
Parmi les emballages et produits de consommation courante en matière plastique, certains sont qualifiés de « biosourcés » (fabriqués à partir de ressources naturelles comme l’amidon de maïs), de « biodégradables »(qui se dégradent sous l’action de micro organismes : champignons, bactéries…) ou encore de « compostables » (qui se dégradent dans des conditions spécifiques de température ou d’humidité dans un délai maximum de 6 à 12 mois). Il est difficile pour le consommateur de faire la différence entre ces dénominations qui laissent chacune à penser qu’elles sont sans risque pour le compost, ce qui n’est pas forcément le cas.
Un risque pour la santé et de pollution du jardin
Plus d’un Français sur trois recycle ses déchets dans un composteur domestique ou collectif (source : Ademe). En plus d’y déposer des épluchures de fruits et de légumes, certains y ajoutent des déchets plastiques tels que des sacs plastiques à usage unique dits « biodégradables » ou « compostables ». Or, dans son rapport, l’Anses fait remarquer que ce n’est pas parce que les matériaux qui les composent se revendiquent biosourcés, biodégradables ou compostables qu’ils garantissent qu’ils se dégradent complètement dans les composteurs. Ainsi, lorsqu’un particulier utilise son compost dans son potager, il est possible qu’il contamine l’environnement ou les cultures locales. L’Anses recom mande donc de ne mettre aucune matière plastique, même libellée biodégradable et/ ou compostable, dans les composteurs domestiques.
Pourquoi ce risque ?
Stéphane Leconte, le coordonnateur de l’expertise à l’Agence nationale de sécurité sanitaire, explique que « cette contamination peut provenir des différents constituants des matériaux, ou de microplastiques issus de leur dégradation. Les constituants concernés peuvent être des polymères, des monomères résiduels, des additifs ou des charges inorganiques présentant des dangers potentiels aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement ».
Privilégier le compostage industriel
L’Anses recommande aux consommateurs pour réduire au minimum la contamination environnementale, de privilégier le tri (bac et sac jaune) et la collecte (organisée par la commune), afin que les plastiques biosourcés, biodégradables et compostables usagés intègrent une filière industrielle de traitement de ces matières, comme pour tous les autres emballages. Elle recommande la révision de la réglementation pour « interdire toute allusion, voire incitation » à de mauvais réflexes, et à «instaurer une norme unique intégrant une évaluation de la biodégradabilité dans tous les milieux de l’environnement», avec des critères plus astreignants sur leur composition. L’Anses appelle également à revoir le système encadrant le compostage industriel et domestique.
L’interdiction du ternie « biodégradable » en 2023
Point positif, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, dite loi AGEC, prévoit un encadrement de l’utilisation des termes « compostable » et « biodégradable ». Les pro duits et emballages en plastique dont la compostabilité ne peut être obtenue qu’en plateforme de compostage industriel ne pourront plus porter la mention « compostable ». Depuis le 1er janvier 2023, il est interdit de faire figurer sur un produit ou un emballage les mentions « biodégradable », « respectueux de l’environnement » ou toute autre mention équivalente. La compréhension de ces notions par les consommateurs est essentielle afin de ne jamais laisser penser qu’un emballage dit biodégradable, compostable ou biosourcé peut se retrouver dans la nature sans lui causer de torts.
En savoir plus
Avis de l’Anses. Rapport d’ex pertise collective : Usages de matières plastiques biosourcées, biodégradables et compostables. Connaître, évaluer, protéger ? (Octobre 2022) sur www.clcv.org, Rubrique Environnement/Santé, onglet Prévention des déchets.