La Commission européenne envisage de rendre facultative la notice papier dans les boîtes de médicaments, privilégiant une version numérique. Si cette mesure semble s’inscrire dans une logique de modernisation, elle soulève de vives inquiétudes chez les associations de patients, les professionnels de santé et les industriels. Pourquoi cette opposition ? Quels sont les risques pour les patients vulnérables ?

1. Une proposition européenne controversée

L’article 63.3 de la réforme des médicaments propose que les États membres puissent choisir entre une notice électronique, papier, ou les deux. En cas de passage au tout numérique, les patients devront demander une version imprimée auprès du titulaire de l’autorisation de mise sur le marché 

Cependant, Intergraf, l’association européenne de l’imprimerie, alerte sur les dangers d’une telle mesure :

• 70,7 % des Européens n’ont que des compétences numériques basiques ou inexistantes (Eurostat 2023) .
• 7,5 % des ménages n’ont pas accès à Internet, excluant de fait les personnes âgées, précaires ou isolées .

2. Les limites de la notice électronique

Si les jeunes générations sont favorables aux e-notices (83 % des 18-24 ans selon un sondage Odoxa), les professionnels soulignent des problèmes majeurs :

• Traçabilité et sécurité : Les pharmacies ne peuvent pas imprimer des notices conformes aux normes industrielles .
• Erreurs d’interprétation : 32 % des patients ne comprennent pas le vocabulaire des notices papier, et 61 % doutent de la fiabilité des infos en ligne .

3. Les alternatives : un compromis est-il possible ?

Certains laboratoires, comme Haleon, plaident pour une transition douce :

• Maintien transitoire du papier.
• Déploiement de QR codes ou d’URL sur les boîtes pour accéder à des notices enrichies (vidéos, schémas) .

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) testera en 2025 un projet pilote avec des QR codes, mais insiste sur la nécessité de garantir l’accès au papier pour les patients fragiles.

Conclusion

La digitalisation des notices pharmaceutiques doit tenir compte des inégalités d’accès au numérique et des impératifs de sécurité. Si le format électronique offre des avantages (mises à jour rapides, interactivité), le papier reste un outil vital pour des millions d’Européens. La CLCV soutient une approche inclusive, où le choix du format reviendrait au patient, et non aux seuls industriels ou États.

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